1. Introduction
  2. Quelques réflexions en vrac
  3. Organisation des noms de familles maltais
  4. La théorie de Hull sur la colonie Girgenti
  5. Premiers recensements et classement des noms
  6. Le recensement de 2005 et les noms maltais les plus communs
  7. Le panthéon des noms de famille maltais
  8. Fréquence par emplacement
  9. Un aperçu de Gozo
  10. L'échantillon 'australien' parallèle
  11. Mots apparentés et doublets
  12. Noms multiples
  13. Noms disparus

Premiers recensements et classement des noms

de Mario CASSAR

En 1240, un rapport de l'agent de Frédéric II, Giliberto Abate a évalué le nombre de familles vivant dans les îles de Malte et de Gozo à 1 119 (35). C'est le premier comptage de la population connue ans les îles maltaises. Les documents disponibles relatifs à l'histoire démographique maltais au Moyen Age montrent qu'un « Recensement de la population et de la production » ont été réalisés en 1481 (36). Son but était d'enregistrer la production locale et les stocks de blé, ainsi que de recenser les consommateurs. Au moment de sa publication, il a été bizarrement décrit comme un recensement des « bouches » et « blé ». Les résultats de ce recensement ne sont pas connus, mais en 1632, un recensement a évalué le nombre de personnes vivant dans les îles à 51 750. Le tableau 1 illustre une série de chiffres de population et des estimations datant des premiers enregistrements jusqu'à 1842.

Table 1. Recensement de la population et estimations jusqu'avant 1842

Année

Nombre

Remarque

1240

1 119

Recensement (famille uniquement)

1530

33 000

estimé

1565

10 000

estimé

1582

20 000

estimé

1590

32 290

Recensement

1617

43 798

Recensement

1632

51 750

Recensement

1741

110 000

estimé

1807

93 054

Recensement

1823

112 204

estimé

1826

119 736

estimé

Source: Adapté du Recensement 1957

Ce tableau doit être lu avec prudence. La recherche contemporaine a démontré la nécessité d'être extrêmement prudent sur l'utilisation d'informations émanant des premiers recensements de population. La documentation sur l'histoire médiévale de Malte est rare et souvent peu fiable lorsqu'il s'agit de données démographiques et sociales. Il semblerait qu'avant le 19ème siècle, les deux seules sources fiables sont les listes de la milice (militia) et les registres paroissiaux.

La population indigène de la fin du Moyen Age à Malte est connu, au moins pour ses noms caractéristiques, grâce aux listes de la Milice de 1419 et du rouleau Angara des années 1480. Plus de trois quarts de tous les noms de famille enregistrés dans ces listes sont manifestement d'origine sicilienne, la plupart d'entre eux existent encore en Sicile aujourd'hui. On peut supposer que les 103 noms (à confirmer) avec 5 ou plus d'occurrences, sont, les plus communs au 15ème siècle, et sont parmi les plus anciens noms de famille à Malte, et donc susceptibles d'avoir été en cours dans l'île au 13ème siècle.

La Liste de la Milice de 1419/1420, enregistrés en « Quaderni Diversi, n °3 » du Musée de la cathédrale de Mdina, est vraiment un point de départ pour l'étude de la composition démographique de Malte à la fin du Moyen Age ; cependant, il est aussi une source indispensable pour le contrôle des noms de famille maltaise à ce stade de l'histoire (37).

Un examen rapide de la Liste de la Milice de 1419/1420 montre que, du moins selon les données disponibles, les noms de famille les plus courants à Malte étaient probablement:

  • Vella (47)
  • Zammit (32)
  • Farrugia (30)
  • Schembri (29)
  • Micallef (27)
  • Borg (25)
  • Calleja (25)
  • Cassar (24)
  • Azzopardi (23)
  • Bartolo (23)
  • Asciak (21)
  • Mangion (21)
  • Bonnici (20)
  • Curmi (20)
  • Grech (19)
  • Pace (18)
  • Camilleri (17)
  • Falzon (16)
  • Bugeja (16)
  • Gauci (16)

Note: Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre d'hommes valides (entre 16 et 60 ans) qui devaient servir dans la milice.

Quatre sur cinq des noms de famille les plus communs aujourd'hui (Borg, Vella, Farrugia, et Zammit) étaient déjà très représentés à la fin du Moyen Age. L'absence de Camilleri parmi les dix premiers est un peu déroutant. Depuis la fréquence des Calleja, Bartolo, et Asciaq a diminué considérablement ; aujourd'hui, ils ne sont même pas parmi les vingt premiers. Seuls les noms Vella, Azzopardi, et Bartolo sont incontestablement italien. Le reste est soit la langue sémitique (Zammit, Farrugia, Micallef, Borg, Cassar, Asciaq), ou d'origine douteuse (Schembri, Calleja).

Parmi les trente patronymes les plus fréquents, le rapport entre les noms d'origine arabe et non-arabes est 14:16 (il est acquis que Galea et Calleja ne sont pas des noms de famille sémitiques comme suggéré par Hull et d'autres). Parmi eux, seuls Micallef et Mifsud apparaissent comme des formations locales. Depuis les 28 autres noms de famille (93,33%) a, ou ont eu (comme Asciak, 1095 ; Curmi, 1095 et Buhagiar, 1145) une contrepartie connue en Sicile, il se pourrait que la plupart des noms communs sémitiques maltais ne soient pas réellement de Sicile, ou au moins commune aux deux régions. Les noms Galata et Xara sont aujourd'hui éteint à Malte (38).

Il sort de cet examen, le caractère également sicilien de beaucoup (en fait la majorité) de ces noms sémitiques maltais qui étaient autrefois considérés comme autochtones. En effet, bien que la Sicile et Malte forment un seul bloc socio-culturel au cours de la période sarrasine, il n'y a tout simplement aucune certitude que les premiers détenteurs des noms comme Borg, Zammit, et Farrugia étaient originaires de la Malte pré-normande; au contraire il est fort probable qu'ils ont immigré vers les îles comme les premiers Vella, Pace, et Grech (39). Une autre considération en faveur de l'origine sicilienne de nombreux noms de famille Maltais-arabe est le fait que la plus grande île (Sicile?) non seulement partage avec Malte la plus part de ces noms, mais aussi conserve jusqu'à aujourd'hui grand nombre d'anthroponymes arabes apparemment jamais établis à Malte, par exemple, Buscemi, Cangemi, Macaluso, Taibi, et Gueli. La plupart des noms sémitiques maltais peuvent donc être originaire d'un bassin arabo-sicilien plus vaste (40).

Après la Liste de la Milice des années 1480, qui n'ajoute qu'une douzaine de nouveaux noms de Sicile, la source suivante existante la plus complète de noms de famille maltais est le Status Animarum ou le recensement diocésain de 1687, aujourd'hui conservé dans les archives de la Curie à Floriana. Le recensement comprend les noms, prénoms, et la provenance de 45 288 personnes et couvre toutes les localités sauf pour Naxxar, Gozo, et la Valette au rite paroissial grec (41). Le Status Animarum comprend tous les habitants dépendant de l'évêque, à l'exclusion des membres des ordres religieux et ceux qui relèvent de la compétence de l'Ordre de Saint-Jean et de l'Inquisition, ce qui doit représenter 5.500 personnes.

La période 1490-1687 a vu l'installation et la consolidation du régime magistrale et on peut supposer que les dizaines de nouveaux noms, dont la plupart sont typiques de Vittoriosa (anciennement Birgu), Senglea, Cospicua et La Valette ne sont pas entrés Malte avant 1530. Au moins trois quarts de ces nouveaux noms de famille sont italiens, et dans la plupart des cas de la Sicile de l'est, ce qui suggère l'arrivée des colons de Syracuse, Catane, Messine, et de leur arrière-pays. Le Status Animarium de 1687 a montré cet ordre de classement (42):

  1. Borg – 1,629
  2. Farrugia – 1,139
  3. Camilleri – 1,083
  4. Grech –1,042
  5. Vella – 1,034
  6. Zammit – 1,017
  7. Agius – 858
  8. Caruana – 778
  9. Mifsud – 756
  10. Azzopardi – 724
  11. Muscat – 679
  12. Bonnici – 666
  13. Micallef – 653
  14. Galea – 642
  15. Schembri – 593
  16. Pace – 592
  17. Fenech – 581
  18. Cassar – 551
  19. Sammut – 551
  20. Debono – 505
  21. Attard – 505

La fréquence d'aujourd'hui montre qu'elle avait déjà pris forme. Borg était déjà le plus fréquent ; Camilleri a progressé ; Galea, Grech, et Attard, qui sont d'origine non-arabe. En fait, parmi les 20 plus fréquents noms du classement d'aujourd'hui, 18 étaient déjà présents. Seuls Spiteri et Abela sont absents de l'état de 1687. La présence de noms de famille italiens ou siciliens est plus prononcé avec l'ajout de Bonnici, Pace, et Debono.

Quand les troupes de la première République française ont envahi Malte en 1798, la population maltaise était de plus de 100.000. Les déprédations pendant le siège français de La Valette l'a fait descendre à 93 054 (recensement de 1807). Ce recensement, a montré que 31% de la population est concentré dans les environs de La Valette et Floriana, d'après les registres paroissiaux. Selon un rapport détaillé sur la peste de 1813 fait par le Dr WH Burrell, médecin principal de l'armée à Malte, la population totale a été estimée à 111 000.

Le 21 Mars 1842, a eu lieu le premier recensement moderne d'une série de recensements décennaux dont le dernier recensement 2005 a été la 16e. Cette série a été interrompue pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que, qu'en 1977, lorsque, selon le critère de l'intervalle de dix ans, un recensement aurait dû être fait, mais ne l'a pas été.

Table 2: Recensements 1842–1995

Census date

Population

Percentage intercensal

increase/decrease

21 mars 1842

114 499

 

31 mars 1851

123 496

7.86

31 octobre 1861

134 055

8.55

3 mai 1871

141 775

5.76

3 avril 1881

149 782

5.65

5 avril 1891

165 037

10.18

31 mars 1901

184 742

11.94

2 avril 1911

211 564

14.52

24 avril 1921

212 258

0.33

26 avril 1931

241 621

13.83

14 juin 1948

305 991

26.64

30 novembre 1957

319 620

4.45

26 novembre 1967

314 216

- 1.69

16 novembre 1985

345 418

9.93

26 novembre 1995

378 132

9.47

Notes :
  1. Cf. A. Luttrell, ‘Giliberto Abbate’s Report on Malta: circa 1241’, in Proceedings of History Week, Malta, 1993, pp. 1-29.
  2. Cf. S. Fiorini, ‘Li Buky di Lu Rabatu: The Population of Rabat c. 1480’, in T. Cortis, T. Freller, and L. Bugeja (eds), Melitensium Amor, Malta, 2002, pp. 73–96.
  3. The full name of the document reads: ‘Quaternu factu et ordinatu per li nobili capitaneo et Jurati et or di lu) consiglu per la guardia de la hisula de Mauta anni XIII Indicionus’.
  4. source
  5. Hull, p. 319.
  6. Hull, p. 320.
  7. A Gozo census list nearest in time to 1687 is the one labelled ‘Matrice 1678’ (also housed in the Curia Archives) which includes 3,045 people. For Naxxar, Status Animarum 1688 is still preserved at Naxxar Parish Archives.
  8. The Status Animarum of 1687 does not cover the whole of Malta; besides, the available numbers are subject to a slight margin of error.

Texte publié avec l'aimable autorisation de Mario CASSAR


  1. Introduction
  2. Quelques réflexions en vrac
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